07 Sept 2016
Un groupe d'artistes berlinois n'en peut plus de voir fleurir les croix gammées sur les murs de sa ville. Armé de bombes de peinture, il a pourtant entrepris de ne pas totalement les recouvrir. Non, il les fait évoluer, comme des Pokémons.
Noires, anguleuses et baveuses, elles se font de plus en plus nombreuses, taguées sur les murs berlinois : les croix gammées, symbole du Parti nazi d'Adolf Hitler, y prennent même pour certains habitants des allures de véritable fléau.
C'est le cas pour Ibo Omari, street-artiste et gérant de la boutique de graff' Legacy BLN. Avec ses amis, il s'est alors donné pour mission d'en faire disparaître un maximum, mais pas de n'importe quelle façon : il les dissimule sous des traces de bombes bien plus sympathiques. En se servant de la croix gammée comme base pour son dessin, il fait appaître des personnages plus grands, plus colorés et plus joyeux, faisant ainsi tomber le symbole de haine originel dans des limbes arc-en-ciel.
"Nous voulions réagir avec amour et joie, pour que tous les jeunes puissent s'identifier à notre message, pas seulement ceux venant du monde du graffiti ou de l'univers urbain", a confié Ibo Omari à The Verge. "Nous prenons ce message laid et le transformons en quelque chose de beau."
L'idée naît il y a quelques mois, quand un homme entre dans sa boutique, situé dans le quartier Schöneberg, et demande des bombes de peinture. Il explique qu'il souhaite recouvrir une croix gammée qu'il a vu taguée dans un parc pour enfants. Ibo Omari et ses collègues décident de s'en charger, et courrent remplacer l'emblème nazie par... un petit moustique.
Depuis, le mouvement a pris de l'ampleur, notamment sur les réseaux sociaux, grâce au hashtag #PaintBack, devenu populaire ces dernières semaines. Ibo Omari et onze autres personnes ont ainsi transformé une cinquantaine de croix gammées en lapin, en hibou ou en chaton.
Problème : chaque jour apparaissent de nouvelles croix gammées à transformer. Car même en Allemagne, pays largement traumatisé par son passé, la pensée d'extrême-droite progresse et ses adeptes s'expriment de manière de plus en plus décomplexée. À Berlin, le parti d'extrême-droite Alternative pour l'Allemagne (AfD) récolterait d'ailleurs, selon un récent sondage, 14% des intentions de vote aux prochaines élections régionales qui auront lieu le 18 septembre prochain.
"Le graffiti n’a rien à voir avec le racisme et la pensée fasciste"
En attendant, Ibo Omari et ses compères poursuivent leurs pieds de nez : "Le projet véhicule deux messages : le premier, c'est que le graffiti n’a rien à voir avec le racisme et la pensée fasciste. Le deuxième, c'est qu'on ne se contente pas de recouvrir ces paroles de haine : on y répond avec impertinence et humour, parfois peut-être de manière infantile, mais toujours avec du beau, et surtout, avec beaucoup d’amour", a déclaré le graffeur dans un reportage d'Arte consacré au phénomène.
Par Charlotte Viguié
A lire sur france24.com (19/08/2016)
Noires, anguleuses et baveuses, elles se font de plus en plus nombreuses, taguées sur les murs berlinois : les croix gammées, symbole du Parti nazi d'Adolf Hitler, y prennent même pour certains habitants des allures de véritable fléau.
C'est le cas pour Ibo Omari, street-artiste et gérant de la boutique de graff' Legacy BLN. Avec ses amis, il s'est alors donné pour mission d'en faire disparaître un maximum, mais pas de n'importe quelle façon : il les dissimule sous des traces de bombes bien plus sympathiques. En se servant de la croix gammée comme base pour son dessin, il fait appaître des personnages plus grands, plus colorés et plus joyeux, faisant ainsi tomber le symbole de haine originel dans des limbes arc-en-ciel.
"Nous voulions réagir avec amour et joie, pour que tous les jeunes puissent s'identifier à notre message, pas seulement ceux venant du monde du graffiti ou de l'univers urbain", a confié Ibo Omari à The Verge. "Nous prenons ce message laid et le transformons en quelque chose de beau."
L'idée naît il y a quelques mois, quand un homme entre dans sa boutique, situé dans le quartier Schöneberg, et demande des bombes de peinture. Il explique qu'il souhaite recouvrir une croix gammée qu'il a vu taguée dans un parc pour enfants. Ibo Omari et ses collègues décident de s'en charger, et courrent remplacer l'emblème nazie par... un petit moustique.
Depuis, le mouvement a pris de l'ampleur, notamment sur les réseaux sociaux, grâce au hashtag #PaintBack, devenu populaire ces dernières semaines. Ibo Omari et onze autres personnes ont ainsi transformé une cinquantaine de croix gammées en lapin, en hibou ou en chaton.
Problème : chaque jour apparaissent de nouvelles croix gammées à transformer. Car même en Allemagne, pays largement traumatisé par son passé, la pensée d'extrême-droite progresse et ses adeptes s'expriment de manière de plus en plus décomplexée. À Berlin, le parti d'extrême-droite Alternative pour l'Allemagne (AfD) récolterait d'ailleurs, selon un récent sondage, 14% des intentions de vote aux prochaines élections régionales qui auront lieu le 18 septembre prochain.
"Le graffiti n’a rien à voir avec le racisme et la pensée fasciste"
En attendant, Ibo Omari et ses compères poursuivent leurs pieds de nez : "Le projet véhicule deux messages : le premier, c'est que le graffiti n’a rien à voir avec le racisme et la pensée fasciste. Le deuxième, c'est qu'on ne se contente pas de recouvrir ces paroles de haine : on y répond avec impertinence et humour, parfois peut-être de manière infantile, mais toujours avec du beau, et surtout, avec beaucoup d’amour", a déclaré le graffeur dans un reportage d'Arte consacré au phénomène.
Par Charlotte Viguié
A lire sur france24.com (19/08/2016)