25 Jan 2019
Comment concilier transition écologique et justice sociale ? Voici quatre leviers pour réduire nos émissions tout en épargnant notre budget : rénovation des bâtiments, principe du pollueur-payeur, nouvelles mobilités et alimentation raisonnée.
Ecologie : quatre pistes pour polluer moins en gagnant plus
Lors de son retour médiatique sur France 2 fin novembre, Nicolas Hulot l’a martelé : «Il faut combiner les problèmes de fin de mois avec les problèmes de fin du monde.» En pleine bronca des gilets jaunes, il s’agissait pour l’ex-ministre de la Transition écologique et solidaire - qui tenait beaucoup à ce mot, «solidaire» - de réconcilier écologie et social. Oui, ministre, Hulot avait défendu la taxe carbone. Mais il avait averti Emmanuel Macron et Edouard Philippe de l’absolue nécessité d’un «coussin social digne de ce nom», pour aider les ménages les plus modestes, ceux qui sont piégés car on les a incités à acheter des voitures diesels et contraints à vivre en zone périurbaine. En vain. Il n’a pas été entendu, ce qui a contribué à sa démission, fin août.
Qu’on le veuille ou non, les questions écologiques et sociales sont intimement liées. L’écologie est une nécessité pour tous, mais surtout pour les plus démunis. Personne n’échappera aux conséquences des bouleversements climatiques, de l’effondrement de la biodiversité ou de la pollution de l’air, de l’eau et des sols. Mais les plus touchés, et de loin, ce sont bien les plus pauvres. Alors qu’ils sont les moins responsables de la situation. Ce sont eux qui dépendent le plus directement de leur environnement pour survivre, en particulier dans les pays du Sud. Et c’est vers eux que sont transférées les activités les plus polluantes.
Ce sont les plus défavorisés qui souffrent le plus de la pollution de l’air ou des inondations. Et ce sont eux qui habitent les logements les plus insalubres, où l’air intérieur est le plus pollué, qui vivent dans les «passoires énergétiques» mal isolées… «Il n’y a pas deux crises séparées, l’une environnementale, l’autre sociale, mais une seule et complexe crise socio-environnementale», insistait le pape François en 2015 dans son encyclique Laudato si’. «Agir contre le dérèglement climatique et agir pour la justice sociale sont deux combats qui convergent : pas de justice sociale sans transition écologique et pas de transition écologique sans justice sociale», affirmait aussi mi-novembre Daniel Verger, du Secours catholique-Caritas France, à l’occasion de la publication d’un «Manifeste pour concilier transition écologique et justice sociale», publié par plusieurs associations environnementales et de lutte contre la pauvreté (CFDT, WWF, Fondation pour la nature et l’homme-FNH, Fondation Abbé-Pierre, Fédération des associations des usagers des transports…). La clé est là. Et les solutions existent. Voici quelques pistes.
Lancer un Plan Marshall pour la rénovation thermique des bâtiments
Officiellement, l’exécutif entend faire de la rénovation énergétique des bâtiments une «priorité nationale», permettant d’atteindre la neutralité carbone à l’horizon 2050. Il s’agit d’un enjeu majeur : les bâtiments résidentiels et tertiaires représentent 45 % de la consommation de la France en énergie et le secteur est à l’origine de 25 % des émissions de gaz à effet de serre. Le défi est aussi social : 7 millions de logements sont mal isolés et 3,8 millions de ménages peinent à payer leur facture ou se privent de chauffage. Las, le plan Marshall promis en la matière sous le quinquennat Hollande n’a pas été tenu, et semble prendre la même voie sous l’ère Macron. «On tourne autour de 288 000 rénovations thermiques performantes par an, très loin des 500 000 attendues. Il faudrait donc au moins 700 000 rénovations par an pour rattraper le retard accumulé», indique Romain Riollet, du Cler-Réseau pour la transition énergétique.
Le crédit d’impôt pour la transition énergétique (Cite) tarde à être transformé en prime pour les plus modestes. Et l’exécutif «fait des économies dans la lutte contre la rénovation énergétique, ce qui est totalement incohérent», déplore Manuel Domergue, de la Fondation Abbé-Pierre. Pour lui, la prime à la conversion des chaudières au fioul annoncée par le gouvernement cet automne «va dans le bon sens, mais pour une vraie rénovation performante et globale, il faut aussi changer la ventilation, l’isolation…» Des investissements qui font du bien au porte-monnaie et à l’emploi. Selon la FNH, l’isolation massive des logements permettrait aux ménages de faire en moyenne 512 euros d’économies sur le chauffage tous les ans et créerait 126 000 emplois dans les dix ans.
Taxer les gros pollueurs
Le système fiscal actuel applique trop peu le principe pollueur-payeur. A coup d’exemptions et de niches, il a perdu sa progressivité et fait peser principalement le poids de la pollution sur les ménages. Résultat, nombreux sont ceux qui réclament un «big bang fiscal», pour mettre fin aux subventions accordées aux énergies fossiles et, à l’inverse, taxer les transports les plus polluants : avions (kérosène), bateaux (fioul lourd), camions. Des recettes qui pourraient être réinvesties dans la transition écologique. Tout comme celles qui devraient résulter de la lutte contre l’évasion fiscale, d’une taxation sur les transactions financières ou du rétablissement de l’ISF.
Mi-décembre, dans une tribune publiée dans le JDD, quinze intellectuels (économistes, sociologues, historiens, écrivains…) proposaient «d’instaurer une taxe carbone complémentaire portant sur les émissions de gaz à effet de serre des 1 400 sites industriels français les plus polluants, pour que chaque tonne de carbone qu’ils relâchent dans l’atmosphère soit taxée au même niveau (44,60 euros en 2018 et 2019) que les carburants du quotidien». Chiche ?
Repenser la mobilité
Au fil des dernières décennies, les fractures sociales et territoriales ont progressé. En cause, notamment, la dépendance aux carburants fossiles et à la voiture individuelle de millions de foyers, en particulier les plus vulnérables. Pour inverser la tendance, il s’agit de faciliter un accès aux véhicules peu polluants et économes. Afin d’accélérer la sortie du diesel, la FNH propose par exemple de doubler la prime à la conversion pour les véhicules électriques (hors SUV) et de l’élargir aux modes alternatifs (autopartage et vélo), le tout financé par «la suppression, dès 2019, de la prime à la conversion à destination des véhicules neufs diesels».
Pascal Canfin, le patron du WWF France, souligne «l’incohérence» consistant à encourager l’achat de véhicules neufs thermiques (essence et diesel), alors que leur fin «est inéluctable, si on est sérieux avec les accords de Paris sur le climat et l’action en termes de santé publique». Et «l’aberration» de cette mesure, alors que Paris et d’autres métropoles planifient l’interdiction des diesels en ville. D’autant «qu’un véhicule électrique coûte 1 600 euros de moins par an qu’un diesel équivalent».
Il s’agit aussi et surtout de repenser l’ensemble de la mobilité, pour sortir du «tout-voiture individuelle». Ce qui passe par le déploiement des alternatives (vélos, trains, transports en commun, RER, covoiturage, autopartage…), en ville comme à la campagne. Pas impossible du tout : dans l’Aveyron, le parc naturel régional des Grands Causses encourage avec succès l’usage du vélo électrique ou de l’autostop.
Autre nécessité impérieuse : lutter contre l’étalement urbain. Certains, notamment chez EE-LV, proposent «un moratoire sur les centres commerciaux en périphérie, qui tuent la vie des centres-villes en contraignant à l’emploi de la voiture et en réduisant commerces et services publics».
Transformer son alimentation
Sans dépenser un euro de plus, il est possible de manger des produits plus sains et de meilleure qualité, issus notamment de l’agriculture biologique, tout en réduisant notre impact sur la planète. C’est ce que révélait en novembre une étude coréalisée par le WWF France. Celle-ci a comparé le panier standard des Français avec un panier «flexitarien», composé de deux tiers de protéines végétales (lentilles, pois chiches, fèves ou haricots) contre un tiers de protéines animales. Par rapport au panier standard, il s’agissait de réduire fortement la viande, les poissons sauvages, les produits transformés industriels, gras, salés et sucrés et ceux à base de farines raffinées (pâtes, pain…). A l’inverse, place aux farines complètes et à une forte augmentation de la part de légumes, céréales et légumineuses.
Cela signifie, pour une personne, de passer de six repas par semaine comprenant de la viande ou du poisson sauvage à quatre par semaine, et d’un repas par jour comprenant des produits transformés à seulement deux par semaine. «Une réduction de ces aliments, largement présents aujourd’hui dans le panier alimentaire moyen d’une famille française de quatre personnes, permettrait de réduire de 38 % l’impact carbone du panier et de 21 % son coût (de 187 à 147 euros par semaine)», calcule l’étude. Grâce à ces économies réalisées, une famille flexitarienne peut se permettre d’introduire dans son panier «près de 50 % de produits certifiés (bio, Label rouge et Marine Stewardship Council) sans dépasser le coût du panier standard». De quoi, au passage, soutenir des modes de production tels que l’agriculture biologique, qui permettent aux exploitants agricoles de mieux vivre de leur métier et de créer davantage d’emplois que l’agriculture agro-industrielle. Tout en coûtant bien moins cher à la collectivité : le montant annuel pour la dépollution (pesticides et nitrates) des eaux de surface et côtières a été estimé en 2011 à 54 milliards d’euros par an par le Commissariat général au développement durable. Sans parler du coût pour la santé des perturbateurs endocriniens… Des sommes non comptabilisées dans le prix des aliments «conventionnels».
Par Coralie Schaub (publié le 01/01/2019)
A lire sur le site Libération
Ecologie : quatre pistes pour polluer moins en gagnant plus
Lors de son retour médiatique sur France 2 fin novembre, Nicolas Hulot l’a martelé : «Il faut combiner les problèmes de fin de mois avec les problèmes de fin du monde.» En pleine bronca des gilets jaunes, il s’agissait pour l’ex-ministre de la Transition écologique et solidaire - qui tenait beaucoup à ce mot, «solidaire» - de réconcilier écologie et social. Oui, ministre, Hulot avait défendu la taxe carbone. Mais il avait averti Emmanuel Macron et Edouard Philippe de l’absolue nécessité d’un «coussin social digne de ce nom», pour aider les ménages les plus modestes, ceux qui sont piégés car on les a incités à acheter des voitures diesels et contraints à vivre en zone périurbaine. En vain. Il n’a pas été entendu, ce qui a contribué à sa démission, fin août.
Qu’on le veuille ou non, les questions écologiques et sociales sont intimement liées. L’écologie est une nécessité pour tous, mais surtout pour les plus démunis. Personne n’échappera aux conséquences des bouleversements climatiques, de l’effondrement de la biodiversité ou de la pollution de l’air, de l’eau et des sols. Mais les plus touchés, et de loin, ce sont bien les plus pauvres. Alors qu’ils sont les moins responsables de la situation. Ce sont eux qui dépendent le plus directement de leur environnement pour survivre, en particulier dans les pays du Sud. Et c’est vers eux que sont transférées les activités les plus polluantes.
Ce sont les plus défavorisés qui souffrent le plus de la pollution de l’air ou des inondations. Et ce sont eux qui habitent les logements les plus insalubres, où l’air intérieur est le plus pollué, qui vivent dans les «passoires énergétiques» mal isolées… «Il n’y a pas deux crises séparées, l’une environnementale, l’autre sociale, mais une seule et complexe crise socio-environnementale», insistait le pape François en 2015 dans son encyclique Laudato si’. «Agir contre le dérèglement climatique et agir pour la justice sociale sont deux combats qui convergent : pas de justice sociale sans transition écologique et pas de transition écologique sans justice sociale», affirmait aussi mi-novembre Daniel Verger, du Secours catholique-Caritas France, à l’occasion de la publication d’un «Manifeste pour concilier transition écologique et justice sociale», publié par plusieurs associations environnementales et de lutte contre la pauvreté (CFDT, WWF, Fondation pour la nature et l’homme-FNH, Fondation Abbé-Pierre, Fédération des associations des usagers des transports…). La clé est là. Et les solutions existent. Voici quelques pistes.
Lancer un Plan Marshall pour la rénovation thermique des bâtiments
Officiellement, l’exécutif entend faire de la rénovation énergétique des bâtiments une «priorité nationale», permettant d’atteindre la neutralité carbone à l’horizon 2050. Il s’agit d’un enjeu majeur : les bâtiments résidentiels et tertiaires représentent 45 % de la consommation de la France en énergie et le secteur est à l’origine de 25 % des émissions de gaz à effet de serre. Le défi est aussi social : 7 millions de logements sont mal isolés et 3,8 millions de ménages peinent à payer leur facture ou se privent de chauffage. Las, le plan Marshall promis en la matière sous le quinquennat Hollande n’a pas été tenu, et semble prendre la même voie sous l’ère Macron. «On tourne autour de 288 000 rénovations thermiques performantes par an, très loin des 500 000 attendues. Il faudrait donc au moins 700 000 rénovations par an pour rattraper le retard accumulé», indique Romain Riollet, du Cler-Réseau pour la transition énergétique.
Le crédit d’impôt pour la transition énergétique (Cite) tarde à être transformé en prime pour les plus modestes. Et l’exécutif «fait des économies dans la lutte contre la rénovation énergétique, ce qui est totalement incohérent», déplore Manuel Domergue, de la Fondation Abbé-Pierre. Pour lui, la prime à la conversion des chaudières au fioul annoncée par le gouvernement cet automne «va dans le bon sens, mais pour une vraie rénovation performante et globale, il faut aussi changer la ventilation, l’isolation…» Des investissements qui font du bien au porte-monnaie et à l’emploi. Selon la FNH, l’isolation massive des logements permettrait aux ménages de faire en moyenne 512 euros d’économies sur le chauffage tous les ans et créerait 126 000 emplois dans les dix ans.
Taxer les gros pollueurs
Le système fiscal actuel applique trop peu le principe pollueur-payeur. A coup d’exemptions et de niches, il a perdu sa progressivité et fait peser principalement le poids de la pollution sur les ménages. Résultat, nombreux sont ceux qui réclament un «big bang fiscal», pour mettre fin aux subventions accordées aux énergies fossiles et, à l’inverse, taxer les transports les plus polluants : avions (kérosène), bateaux (fioul lourd), camions. Des recettes qui pourraient être réinvesties dans la transition écologique. Tout comme celles qui devraient résulter de la lutte contre l’évasion fiscale, d’une taxation sur les transactions financières ou du rétablissement de l’ISF.
Mi-décembre, dans une tribune publiée dans le JDD, quinze intellectuels (économistes, sociologues, historiens, écrivains…) proposaient «d’instaurer une taxe carbone complémentaire portant sur les émissions de gaz à effet de serre des 1 400 sites industriels français les plus polluants, pour que chaque tonne de carbone qu’ils relâchent dans l’atmosphère soit taxée au même niveau (44,60 euros en 2018 et 2019) que les carburants du quotidien». Chiche ?
Repenser la mobilité
Au fil des dernières décennies, les fractures sociales et territoriales ont progressé. En cause, notamment, la dépendance aux carburants fossiles et à la voiture individuelle de millions de foyers, en particulier les plus vulnérables. Pour inverser la tendance, il s’agit de faciliter un accès aux véhicules peu polluants et économes. Afin d’accélérer la sortie du diesel, la FNH propose par exemple de doubler la prime à la conversion pour les véhicules électriques (hors SUV) et de l’élargir aux modes alternatifs (autopartage et vélo), le tout financé par «la suppression, dès 2019, de la prime à la conversion à destination des véhicules neufs diesels».
Pascal Canfin, le patron du WWF France, souligne «l’incohérence» consistant à encourager l’achat de véhicules neufs thermiques (essence et diesel), alors que leur fin «est inéluctable, si on est sérieux avec les accords de Paris sur le climat et l’action en termes de santé publique». Et «l’aberration» de cette mesure, alors que Paris et d’autres métropoles planifient l’interdiction des diesels en ville. D’autant «qu’un véhicule électrique coûte 1 600 euros de moins par an qu’un diesel équivalent».
Il s’agit aussi et surtout de repenser l’ensemble de la mobilité, pour sortir du «tout-voiture individuelle». Ce qui passe par le déploiement des alternatives (vélos, trains, transports en commun, RER, covoiturage, autopartage…), en ville comme à la campagne. Pas impossible du tout : dans l’Aveyron, le parc naturel régional des Grands Causses encourage avec succès l’usage du vélo électrique ou de l’autostop.
Autre nécessité impérieuse : lutter contre l’étalement urbain. Certains, notamment chez EE-LV, proposent «un moratoire sur les centres commerciaux en périphérie, qui tuent la vie des centres-villes en contraignant à l’emploi de la voiture et en réduisant commerces et services publics».
Transformer son alimentation
Sans dépenser un euro de plus, il est possible de manger des produits plus sains et de meilleure qualité, issus notamment de l’agriculture biologique, tout en réduisant notre impact sur la planète. C’est ce que révélait en novembre une étude coréalisée par le WWF France. Celle-ci a comparé le panier standard des Français avec un panier «flexitarien», composé de deux tiers de protéines végétales (lentilles, pois chiches, fèves ou haricots) contre un tiers de protéines animales. Par rapport au panier standard, il s’agissait de réduire fortement la viande, les poissons sauvages, les produits transformés industriels, gras, salés et sucrés et ceux à base de farines raffinées (pâtes, pain…). A l’inverse, place aux farines complètes et à une forte augmentation de la part de légumes, céréales et légumineuses.
Cela signifie, pour une personne, de passer de six repas par semaine comprenant de la viande ou du poisson sauvage à quatre par semaine, et d’un repas par jour comprenant des produits transformés à seulement deux par semaine. «Une réduction de ces aliments, largement présents aujourd’hui dans le panier alimentaire moyen d’une famille française de quatre personnes, permettrait de réduire de 38 % l’impact carbone du panier et de 21 % son coût (de 187 à 147 euros par semaine)», calcule l’étude. Grâce à ces économies réalisées, une famille flexitarienne peut se permettre d’introduire dans son panier «près de 50 % de produits certifiés (bio, Label rouge et Marine Stewardship Council) sans dépasser le coût du panier standard». De quoi, au passage, soutenir des modes de production tels que l’agriculture biologique, qui permettent aux exploitants agricoles de mieux vivre de leur métier et de créer davantage d’emplois que l’agriculture agro-industrielle. Tout en coûtant bien moins cher à la collectivité : le montant annuel pour la dépollution (pesticides et nitrates) des eaux de surface et côtières a été estimé en 2011 à 54 milliards d’euros par an par le Commissariat général au développement durable. Sans parler du coût pour la santé des perturbateurs endocriniens… Des sommes non comptabilisées dans le prix des aliments «conventionnels».
Par Coralie Schaub (publié le 01/01/2019)
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