24 Oct 2014
La ferme du Bec Hellouin, en association avec une unité de recherche SADAPT de l’INRA, ont publié ce mois-ci une étude qui conclue à la viabilité du maraîchage en permaculture sur 1000 mètres carrés. « Même une année médiocre, avec des personnes sans grande expérience en maraîchage, il y a moyen de dégager un revenu de l’ordre du SMIC« . C’est assez remarquable car l’idée généralement diffusée est qu’un agriculteur a au moins besoin d’un hectare pour vivre du maraîchage bio, soit au moins 10 fois plus que dans l’expérience proposée au Bec Hellouin! Un résultat majeur pour l’avenir de l’agriculture urbaine et péri-urbaine.
Cette étude n’est qu’un rapport intermédiaire d’un projet commencé en 2011 et qui durera jusqu’en 2014 mais ses premières conclusions sont tout de même très importantes. En effet, la permaculture doit encore démontrer sa pertinence et des questions restent à éclairer : Peut-on en vivre? Quelle est son efficacité économique et technique? Ce travail de recherche veut déterminer quelle surface de culture est nécessaire pour dégager un revenu décent pour un travailleur souhaitant s’installer et avoir des conditions de travail acceptables.
Il semble que l’objectif soit atteint. La conclusion semble alors sans appel, avec un dixième d’hectare un individu qui cultive selon les principes de la permaculture peut vivre de son travail. L’étude mentionne 2100 heures de travail annuel, ce qui est tout à fait dans les clous d’autres exploitations en maraîchage bio, voir même en peu en dessous de la moyenne.
De fait, à temps de travail égal, cette micro ferme expérimental passe 10 fois plus de temps sur chaque mètre carré qu’un maraîcher classique. Selon François Léger, directeur de l’unité de recherche, « ces modèles sont intensifs en réflexion et en travail plutôt qu’en capital ». Cette exploitation peut donc éventuellement être effectuée par une personne « sans grande expérience du maraîchage » mais elle doit être menée par une personne futée. Dans le petit monde de la micro-agriculture intensive, l’agriculteur est plus que jamais un stratège qui doit investir beaucoup de connaissances et de savoir-faire à l’unité de surface.
Outre-atlantique, Jean-Martin Fortier réalise également un tel maraîchage en permaculture. Ce Québécois obtient également de bons résultats même si il dispose d’une structure moins radicalement petite (8000 mètres carrés). Ramené par tête de pipe, c’est un chiffre d’affaire de 28000 euros généré sur un peu plus de 2000 mètres carrés. Des résultats moins bons, mais relativement de même nature avec une stratégie d’intensivité en travail et en connaissance à l’unité de surface. Au final, avec une marge brute de 45% sur son chiffre d’affaire, chaque actif sur sa ferme dégage l’équivalent d’un SMIC également. Cette autre situation vient donc tout à fait confirmer les résultats de l’étude de l’INRA. On peut l’écouter sur sa ferme dans cette intéressante conférence.
On pourrait croire que cette micro-agriculture intensive est une innovation, c’est en fait un retour. C’est un chemin très long qui part de la corporation des jardiniers-maraichers de Paris qui produisaient dans les faubourgs les légumes des Halles, et qui passe par une redécouverte au XX siècle par les anglo-saxons (Permaculture avec Bill Mollison en Australie, Eliot Coleman et John Jeavons aux USA) pour retourner en France par le Québec et les plus anglophones des français. Comme dans beaucoup de domaines, les inventions et les découvertes pures sont rares, ce qui est courant est la réinvention à partir d’un héritage. C’est le cas ici.
Ces résultats ouvrent des perspectives très intéressantes par rapport à un maraîchage qui serait en forte compétition pour l’espace foncier. On peut bien évidemment penser à l’agriculture urbaine, dans des villes où la demande de légumes locaux est en croissance et l’espace disponible pour l’agriculture si rare. Cela permettrait d’éviter des solutions économiquement discutables que l’on peut voir ici et là. Cela permet également de valoriser les tentatives permacoles des premiers agriculteurs pionniers qui se sont lancés dans la Permaculture en France.
Pour aller plus loin, visitez le site du Bec hellouin.
Par Karmai (18/08/2013)
Lire sur le blog Jardinons la planète
Cette étude n’est qu’un rapport intermédiaire d’un projet commencé en 2011 et qui durera jusqu’en 2014 mais ses premières conclusions sont tout de même très importantes. En effet, la permaculture doit encore démontrer sa pertinence et des questions restent à éclairer : Peut-on en vivre? Quelle est son efficacité économique et technique? Ce travail de recherche veut déterminer quelle surface de culture est nécessaire pour dégager un revenu décent pour un travailleur souhaitant s’installer et avoir des conditions de travail acceptables.
Il semble que l’objectif soit atteint. La conclusion semble alors sans appel, avec un dixième d’hectare un individu qui cultive selon les principes de la permaculture peut vivre de son travail. L’étude mentionne 2100 heures de travail annuel, ce qui est tout à fait dans les clous d’autres exploitations en maraîchage bio, voir même en peu en dessous de la moyenne.
De fait, à temps de travail égal, cette micro ferme expérimental passe 10 fois plus de temps sur chaque mètre carré qu’un maraîcher classique. Selon François Léger, directeur de l’unité de recherche, « ces modèles sont intensifs en réflexion et en travail plutôt qu’en capital ». Cette exploitation peut donc éventuellement être effectuée par une personne « sans grande expérience du maraîchage » mais elle doit être menée par une personne futée. Dans le petit monde de la micro-agriculture intensive, l’agriculteur est plus que jamais un stratège qui doit investir beaucoup de connaissances et de savoir-faire à l’unité de surface.
Outre-atlantique, Jean-Martin Fortier réalise également un tel maraîchage en permaculture. Ce Québécois obtient également de bons résultats même si il dispose d’une structure moins radicalement petite (8000 mètres carrés). Ramené par tête de pipe, c’est un chiffre d’affaire de 28000 euros généré sur un peu plus de 2000 mètres carrés. Des résultats moins bons, mais relativement de même nature avec une stratégie d’intensivité en travail et en connaissance à l’unité de surface. Au final, avec une marge brute de 45% sur son chiffre d’affaire, chaque actif sur sa ferme dégage l’équivalent d’un SMIC également. Cette autre situation vient donc tout à fait confirmer les résultats de l’étude de l’INRA. On peut l’écouter sur sa ferme dans cette intéressante conférence.
On pourrait croire que cette micro-agriculture intensive est une innovation, c’est en fait un retour. C’est un chemin très long qui part de la corporation des jardiniers-maraichers de Paris qui produisaient dans les faubourgs les légumes des Halles, et qui passe par une redécouverte au XX siècle par les anglo-saxons (Permaculture avec Bill Mollison en Australie, Eliot Coleman et John Jeavons aux USA) pour retourner en France par le Québec et les plus anglophones des français. Comme dans beaucoup de domaines, les inventions et les découvertes pures sont rares, ce qui est courant est la réinvention à partir d’un héritage. C’est le cas ici.
Ces résultats ouvrent des perspectives très intéressantes par rapport à un maraîchage qui serait en forte compétition pour l’espace foncier. On peut bien évidemment penser à l’agriculture urbaine, dans des villes où la demande de légumes locaux est en croissance et l’espace disponible pour l’agriculture si rare. Cela permettrait d’éviter des solutions économiquement discutables que l’on peut voir ici et là. Cela permet également de valoriser les tentatives permacoles des premiers agriculteurs pionniers qui se sont lancés dans la Permaculture en France.
Pour aller plus loin, visitez le site du Bec hellouin.
Par Karmai (18/08/2013)
Lire sur le blog Jardinons la planète