31 Août 2020
Le monde sportif américain, basketteurs de la NBA en tête, a démarré mercredi un mouvement de boycott des compétitions sans précédent en réaction à l’affaire Jacob Blake, du nom du jeune Afro-Américain grièvement blessé par un policier, qui relance le mouvement antiraciste aux États-Unis.
Enclenché par l’équipe de basket-ball des Milwaukee Bucks, qui a boycotté un match et contraint la NBA à reporter plusieurs autres rencontres mercredi, le mouvement s’est propagé à grande vitesse.
« NOUS DEMANDONS LE CHANGEMENT. ON EN A MARRE », a tweeté la superstar des Los Angeles Lakers, LeBron James. Selon plusieurs médias, les Lakers et les Los Angeles Clippers ont voté pour l’abandon de la saison NBA.
La joueuse de tennis japonaise Naomi Osaka a quant à elle refusé de disputer la demi-finale du tournoi de Cincinnnati, dont les organisateurs ont reporté d’un jour tous les matches prévus jeudi. Des matches de football et de baseball ont également été reportés en raison d’un boycott des joueurs.
« En tant que femme noire, j’ai l’impression qu’il y a des questions beaucoup plus importantes qui nécessitent une attention immédiate, plutôt que de me regarder jouer au tennis », a justifié Naomi Osaka, 22 ans, dont la mère est japonaise et le père haïtien, et qui a souvent pris la parole ces derniers mois pour dénoncer l’injustice raciale.
Jacob Blake, un père de famille de 29 ans, a été grièvement blessé lorsqu’un policier lui a tiré sept balles dans le dos dimanche à Kenosha, dans l’État du Wisconsin, alors qu’il résistait à son interpellation, dans un contexte encore flou.
Selon un communiqué du ministère de la Justice du Wisconsin, la police avait été envoyée sur les lieux à la suite d’un appel d’une femme disant que « son petit ami » était chez elle et « n’était pas censé » s’y trouver. Une fois sur place, ajoute le communiqué, les agents ont, « sans succès », « tenté d’arrêter » Jacob Blake à l’aide d’un taser.
Agir plus fort
En NBA, la pose du genou à terre pendant l’hymne national, les mots « Black Lives Matter » peints en noir sur les parquets, les slogans au dos des maillots des joueurs, leurs prises de paroles régulières pour réclamer justice, étaient depuis la reprise de la saison il y a un mois la preuve de la mobilisation générale au sein de la ligue, pour œuvrer au changement dans un pays gangrené par le racisme.
Mais trois mois après la mort de George floyd, le calvaire subi par Jacob Blake, cet Afro-américain de 29 ans grièvement blessé lors de son interpellation dimanche, qui devrait le laisser paralysé à vie, a fait l’effet d’un choc incommensurable sur les basketteurs NBA, dans leur bulle de Disney World.
Alors ils ont décidé d’agir plus fort.
Hasard du calendrier, cela se passe quatre ans jour pour jour après la première protestation contre les violences policières faites aux Noirs, par le joueur de football américain Colin Kaepernick. Il s’était assis pendant l’hymne, avant de s’agenouiller une première fois le 1er septembre.
« Fatigués de ces meurtres et de l’injustice »
Et ce sont les joueurs des Bucks – dont la franchise est sise à Milwaukee, à une cinquantaine de kilomètres de Kenosha où a eu lieu le drame de dimanche – qui, les premiers, ont décidé de stopper le jeu. Au point de surprendre ceux du Magic qui ont confié ne « pas avoir été au courant de l’initiative, tout y adhérant ».
Au site The Athletic, l’arrière des Bucks George Hill a ainsi expliqué : « Nous sommes fatigués de ces meurtres et de l’injustice. L’équipe ne jouera pas ce (mercredi) soir contre Orlando ».
Lui et les autres joueurs de la NBA ont été traumatisés par cette terrible scène filmée, où on entend sept coups de feu tirés, atteignant dans le dos ce père de famille qui essayait d’entrer dans sa voiture où se trouvaient, selon son avocat, trois de ses enfants, des garçons âgés de 3, 5 et 8 ans.
Dans la foulée de ce boycott, les joueurs des Rockets, du Thunder, des Lakers et des Blazers en ont décidé d’en faire de même pour leurs matches du soir.
La copropriétaire des Lakers Jeanie Buss a affiché sa solidarité : « J’étais ravie de nous voir jouer, en espérant boucler notre série contre Portland. Mais je soutiens nos joueurs, aujourd’hui et toujours. Après plus de 400 ans de cruauté, de racisme et d’injustice, nous devons tous travailler ensemble pour dire que ça suffit ».
Vers un boycott de la saison ?
« Nous soutenons la décision des joueurs des Milwaukee Bucks de protester contre cette injustice et celle, collective, de reporter tous les matches » de ce mercredi, a réagi le syndicat des joueurs.
Ces dernières heures, d’autres joueurs avaient déjà évoqué la possibilité de ne pas jouer leur prochain match, notamment ceux de Toronto et de Boston, censés débuter leur demi-finale de conférence Est jeudi.
« Si nous restons juste plantés là à parler de changements, à un moment il va falloir mettre nos c… sur la table et nous mettre en position de perdre quelque chose, plus que de l’argent ou de la visibilité », avait dit le meneur de Toronto Fred VanVleet.
D’autres boycotts pourraient donc suivre. D’autant que cela a commencé à faire tache d’huile dans les autres ligues. Les basketteuses de la WNBA ont emboîté le pas des Bucks, tout comme les joueurs de baseball (MLB) des Brewers de Milwaukee, qui devaient recevoir Cincinnati, et ceux des Seattle Mariners censés accueillir les San Diego Padres.
Reste désormais à savoir jusqu’où les stars de la NBA iront pour se faire plus entendre. Certains envisagent de quitter la Floride et d’abandonner le championnat en cours, selon plusieurs médias.
En attendant, le boycott de ces matches est sans précédent dans l’histoire du basket professionnel américain, dont les joueurs ne s’étaient pas immédiatement arrêtés de jouer après la mort de Martin Luther King en 1968, sinon le jour de deuil national ensuite décrété par le président Lyndon B. Johnson
Par AFP (publié le 27/08/2020)
A lire sur le site Le Soir
Enclenché par l’équipe de basket-ball des Milwaukee Bucks, qui a boycotté un match et contraint la NBA à reporter plusieurs autres rencontres mercredi, le mouvement s’est propagé à grande vitesse.
« NOUS DEMANDONS LE CHANGEMENT. ON EN A MARRE », a tweeté la superstar des Los Angeles Lakers, LeBron James. Selon plusieurs médias, les Lakers et les Los Angeles Clippers ont voté pour l’abandon de la saison NBA.
La joueuse de tennis japonaise Naomi Osaka a quant à elle refusé de disputer la demi-finale du tournoi de Cincinnnati, dont les organisateurs ont reporté d’un jour tous les matches prévus jeudi. Des matches de football et de baseball ont également été reportés en raison d’un boycott des joueurs.
« En tant que femme noire, j’ai l’impression qu’il y a des questions beaucoup plus importantes qui nécessitent une attention immédiate, plutôt que de me regarder jouer au tennis », a justifié Naomi Osaka, 22 ans, dont la mère est japonaise et le père haïtien, et qui a souvent pris la parole ces derniers mois pour dénoncer l’injustice raciale.
Jacob Blake, un père de famille de 29 ans, a été grièvement blessé lorsqu’un policier lui a tiré sept balles dans le dos dimanche à Kenosha, dans l’État du Wisconsin, alors qu’il résistait à son interpellation, dans un contexte encore flou.
Selon un communiqué du ministère de la Justice du Wisconsin, la police avait été envoyée sur les lieux à la suite d’un appel d’une femme disant que « son petit ami » était chez elle et « n’était pas censé » s’y trouver. Une fois sur place, ajoute le communiqué, les agents ont, « sans succès », « tenté d’arrêter » Jacob Blake à l’aide d’un taser.
Agir plus fort
En NBA, la pose du genou à terre pendant l’hymne national, les mots « Black Lives Matter » peints en noir sur les parquets, les slogans au dos des maillots des joueurs, leurs prises de paroles régulières pour réclamer justice, étaient depuis la reprise de la saison il y a un mois la preuve de la mobilisation générale au sein de la ligue, pour œuvrer au changement dans un pays gangrené par le racisme.
Mais trois mois après la mort de George floyd, le calvaire subi par Jacob Blake, cet Afro-américain de 29 ans grièvement blessé lors de son interpellation dimanche, qui devrait le laisser paralysé à vie, a fait l’effet d’un choc incommensurable sur les basketteurs NBA, dans leur bulle de Disney World.
Alors ils ont décidé d’agir plus fort.
Hasard du calendrier, cela se passe quatre ans jour pour jour après la première protestation contre les violences policières faites aux Noirs, par le joueur de football américain Colin Kaepernick. Il s’était assis pendant l’hymne, avant de s’agenouiller une première fois le 1er septembre.
« Fatigués de ces meurtres et de l’injustice »
Et ce sont les joueurs des Bucks – dont la franchise est sise à Milwaukee, à une cinquantaine de kilomètres de Kenosha où a eu lieu le drame de dimanche – qui, les premiers, ont décidé de stopper le jeu. Au point de surprendre ceux du Magic qui ont confié ne « pas avoir été au courant de l’initiative, tout y adhérant ».
Au site The Athletic, l’arrière des Bucks George Hill a ainsi expliqué : « Nous sommes fatigués de ces meurtres et de l’injustice. L’équipe ne jouera pas ce (mercredi) soir contre Orlando ».
Lui et les autres joueurs de la NBA ont été traumatisés par cette terrible scène filmée, où on entend sept coups de feu tirés, atteignant dans le dos ce père de famille qui essayait d’entrer dans sa voiture où se trouvaient, selon son avocat, trois de ses enfants, des garçons âgés de 3, 5 et 8 ans.
Dans la foulée de ce boycott, les joueurs des Rockets, du Thunder, des Lakers et des Blazers en ont décidé d’en faire de même pour leurs matches du soir.
La copropriétaire des Lakers Jeanie Buss a affiché sa solidarité : « J’étais ravie de nous voir jouer, en espérant boucler notre série contre Portland. Mais je soutiens nos joueurs, aujourd’hui et toujours. Après plus de 400 ans de cruauté, de racisme et d’injustice, nous devons tous travailler ensemble pour dire que ça suffit ».
Vers un boycott de la saison ?
« Nous soutenons la décision des joueurs des Milwaukee Bucks de protester contre cette injustice et celle, collective, de reporter tous les matches » de ce mercredi, a réagi le syndicat des joueurs.
Ces dernières heures, d’autres joueurs avaient déjà évoqué la possibilité de ne pas jouer leur prochain match, notamment ceux de Toronto et de Boston, censés débuter leur demi-finale de conférence Est jeudi.
« Si nous restons juste plantés là à parler de changements, à un moment il va falloir mettre nos c… sur la table et nous mettre en position de perdre quelque chose, plus que de l’argent ou de la visibilité », avait dit le meneur de Toronto Fred VanVleet.
D’autres boycotts pourraient donc suivre. D’autant que cela a commencé à faire tache d’huile dans les autres ligues. Les basketteuses de la WNBA ont emboîté le pas des Bucks, tout comme les joueurs de baseball (MLB) des Brewers de Milwaukee, qui devaient recevoir Cincinnati, et ceux des Seattle Mariners censés accueillir les San Diego Padres.
Reste désormais à savoir jusqu’où les stars de la NBA iront pour se faire plus entendre. Certains envisagent de quitter la Floride et d’abandonner le championnat en cours, selon plusieurs médias.
En attendant, le boycott de ces matches est sans précédent dans l’histoire du basket professionnel américain, dont les joueurs ne s’étaient pas immédiatement arrêtés de jouer après la mort de Martin Luther King en 1968, sinon le jour de deuil national ensuite décrété par le président Lyndon B. Johnson
Par AFP (publié le 27/08/2020)
A lire sur le site Le Soir