28 Nov 2017
ls impriment des tracts, distribuent des badges, épluchent les décisions du gouvernement: depuis les pressions l'hiver dernier sur la justice anticorruption, de nombreux jeunes Roumains restent mobilisés pour empêcher les "dérives" de la majorité de centre gauche.
"Je ne peux pas rester les bras croisés quand je vois autant d'injustices", résume Mihai Tudorica, un informaticien bucarestois âgé de 35 ans.
Le déclic pour lui, comme pour nombre de ces Roumains qui ont encore manifesté dimanche dans plusieurs grandes villes, fut l'offensive lancée en janvier par le gouvernement pour assouplir la législation anticorruption. Devant la contestation populaire sans précédent, la majorité formée autour des sociaux-démocrates avait fini par reculer.
"J'ai commencé par descendre dans la rue mais j'ai vite compris que cela ne suffisait pas, alors j'ai fondé un groupe Facebook +600.000 pour la Roumanie+ (en référence aux centaines de milliers de protestataires de l'hiver, ndlr), devenu quasiment un deuxième job pour moi", explique Mihai à l'AFP.
En plus d'appeler à la mobilisation, ce groupe passe au crible les décisions du gouvernement, issu des élections de décembre 2016, pour signaler "les dérives et les inepties", dit-il.
Actuellement, un nouveau projet visant à réformer le système judiciaire est en débat au Parlement. Selon ses détracteurs, ce texte renforce le contrôle du ministère de la Justice sur les procureurs et réduit les compétences du Parquet anticorruption (DNA), qui a obtenu ces dernières années des succès notables dans la lutte contre ce fléau.
- 'Pas de confiance' -
"Nous ne pouvons pas faire confiance aux dirigeants, ils veulent mettre la main sur la justice", lance Iuliu Sandu, 42 ans, manager d'une petite entreprise informatique, tout en distribuant des tracts énumérant les "arnaques" des sociaux-démocrates.
Les scandales de corruption affectant le monde politique ponctuent l'actualité roumaine depuis des années. Dans son rapport annuel sur la justice du pays paru mercredi, la Commission européenne a mis en garde Bucarest contre un risque de retour en arrière, qualifiant la question de l'indépendance judiciaire de "source de préoccupation persistante".
Andi Cârlan, 35 ans, qui travaille dans les assurances, a lui aussi décidé de s'investir, en réaction contre le penchant des "Roumains à attendre un +sauveur+".
"Les citoyens ont des droits mais aussi des responsabilités; nous devons abandonner l'idée selon laquelle +l'Etat doit faire ci et ça+ pour nous", dit-il.
Ce père de famille a créé avec des amis une chaîne de télévision en ligne, Rezistenta TV, pour "informer et éduquer", en faisant appel à des experts dans différents domaines.
Si ces amateurs revendiquent une audience d'au moins 150.000 personnes par semaine pour leurs émissions sur les réseaux sociaux, le nombre de spectateurs a été "multiplié par cinq" le jour où Laura Codruta Kovesi, cheffe du DNA et bête noire des politiques, est venue dans le studio improvisé pour une interview.
- Le réveil -
Cet activisme ne touche pas que la capitale. Une dizaine d'associations basées dans autant de villes moyennes ont fondé une plateforme, "Contract Romania", qui vise à une meilleure coordination de "tous ceux qui soutiennent la démocratie libérale, l'Etat de droit et les droits de l'homme".
L'hiver dernier, lorsque la vague de contestation battait son plein, des slogans pour la démocratie ont retenti dans tout le pays comme jamais depuis le soulèvement anticommuniste de 1989.
"Nous nous sommes réveillés et sommes de plus en plus conscients de l'impact des décisions du gouvernement sur notre vie", confie la fondatrice de l'association "Civica" de Iasi (nord-est), Alexandrina Dinga, 32 ans, diplômée en écologie.
"Qu'il s'agisse de manifestations, de bénévolat ou d'implication dans la vie politique, nous assistons à une mobilisation accrue des jeunes, qui est beaucoup plus visible grâce aux réseaux sociaux", indique à l'AFP le sociologue Claudiu Tufis.
S'il culpabilise d'avoir négligé sa famille, Andi Cârlan se prépare déjà pour la prochaine manifestation, avec le drapeau roumain qu'il brandit à chaque fois.
Dans un pays où la cote de confiance des partis est très basse, il confie avoir considéré une entrée en politique: "je le ferai uniquement par nécessité, si un jour je m'énervais comme lors de l'assouplissement du Code pénal et constatais qu'aucune personnalité crédible (...) ne veut franchir ce pas".
Par l'AFP
A lire sur lalibre.be (16/11/17)
"Je ne peux pas rester les bras croisés quand je vois autant d'injustices", résume Mihai Tudorica, un informaticien bucarestois âgé de 35 ans.
Le déclic pour lui, comme pour nombre de ces Roumains qui ont encore manifesté dimanche dans plusieurs grandes villes, fut l'offensive lancée en janvier par le gouvernement pour assouplir la législation anticorruption. Devant la contestation populaire sans précédent, la majorité formée autour des sociaux-démocrates avait fini par reculer.
"J'ai commencé par descendre dans la rue mais j'ai vite compris que cela ne suffisait pas, alors j'ai fondé un groupe Facebook +600.000 pour la Roumanie+ (en référence aux centaines de milliers de protestataires de l'hiver, ndlr), devenu quasiment un deuxième job pour moi", explique Mihai à l'AFP.
En plus d'appeler à la mobilisation, ce groupe passe au crible les décisions du gouvernement, issu des élections de décembre 2016, pour signaler "les dérives et les inepties", dit-il.
Actuellement, un nouveau projet visant à réformer le système judiciaire est en débat au Parlement. Selon ses détracteurs, ce texte renforce le contrôle du ministère de la Justice sur les procureurs et réduit les compétences du Parquet anticorruption (DNA), qui a obtenu ces dernières années des succès notables dans la lutte contre ce fléau.
- 'Pas de confiance' -
"Nous ne pouvons pas faire confiance aux dirigeants, ils veulent mettre la main sur la justice", lance Iuliu Sandu, 42 ans, manager d'une petite entreprise informatique, tout en distribuant des tracts énumérant les "arnaques" des sociaux-démocrates.
Les scandales de corruption affectant le monde politique ponctuent l'actualité roumaine depuis des années. Dans son rapport annuel sur la justice du pays paru mercredi, la Commission européenne a mis en garde Bucarest contre un risque de retour en arrière, qualifiant la question de l'indépendance judiciaire de "source de préoccupation persistante".
Andi Cârlan, 35 ans, qui travaille dans les assurances, a lui aussi décidé de s'investir, en réaction contre le penchant des "Roumains à attendre un +sauveur+".
"Les citoyens ont des droits mais aussi des responsabilités; nous devons abandonner l'idée selon laquelle +l'Etat doit faire ci et ça+ pour nous", dit-il.
Ce père de famille a créé avec des amis une chaîne de télévision en ligne, Rezistenta TV, pour "informer et éduquer", en faisant appel à des experts dans différents domaines.
Si ces amateurs revendiquent une audience d'au moins 150.000 personnes par semaine pour leurs émissions sur les réseaux sociaux, le nombre de spectateurs a été "multiplié par cinq" le jour où Laura Codruta Kovesi, cheffe du DNA et bête noire des politiques, est venue dans le studio improvisé pour une interview.
- Le réveil -
Cet activisme ne touche pas que la capitale. Une dizaine d'associations basées dans autant de villes moyennes ont fondé une plateforme, "Contract Romania", qui vise à une meilleure coordination de "tous ceux qui soutiennent la démocratie libérale, l'Etat de droit et les droits de l'homme".
L'hiver dernier, lorsque la vague de contestation battait son plein, des slogans pour la démocratie ont retenti dans tout le pays comme jamais depuis le soulèvement anticommuniste de 1989.
"Nous nous sommes réveillés et sommes de plus en plus conscients de l'impact des décisions du gouvernement sur notre vie", confie la fondatrice de l'association "Civica" de Iasi (nord-est), Alexandrina Dinga, 32 ans, diplômée en écologie.
"Qu'il s'agisse de manifestations, de bénévolat ou d'implication dans la vie politique, nous assistons à une mobilisation accrue des jeunes, qui est beaucoup plus visible grâce aux réseaux sociaux", indique à l'AFP le sociologue Claudiu Tufis.
S'il culpabilise d'avoir négligé sa famille, Andi Cârlan se prépare déjà pour la prochaine manifestation, avec le drapeau roumain qu'il brandit à chaque fois.
Dans un pays où la cote de confiance des partis est très basse, il confie avoir considéré une entrée en politique: "je le ferai uniquement par nécessité, si un jour je m'énervais comme lors de l'assouplissement du Code pénal et constatais qu'aucune personnalité crédible (...) ne veut franchir ce pas".
Par l'AFP
A lire sur lalibre.be (16/11/17)