17 Juin 2019
L’économiste belge Olivier Bonfond défend une perspective globale permettant de dépasser le fameux « horizon indépassable » du capitalisme.
On dit parfois du Belge qu’il est paisible. Que sa bonhomie s’arrangera de tout, au fond, et qu’il acceptera toujours son sort, dans un grand éclat de rire, empreint de fatalisme… Olivier Bonfond n’est pas de ce bois caricatural – et, outre-Quiévrain, il n’est pas le seul, évidemment ! C’est un assassin, et il le revendique. Le titre de son dernier livre le prouve, avec cet appel au meurtre… Mais qui est donc cette Tina ? Vous la connaissez peut-être : ce n’est pas l’héroïne d’un polar qui, au fil des pages, risque de passer un très mauvais quart d’heure, mais plutôt une ombre qui plane sur notre monde, cette injonction fameuse que Margaret Thatcher, elle-même morte et enterrée, a laissée à la postérité pour les plus grands malheurs de l’humanité. Acronyme de « There is no alternative », Tina signifie, avant l’heure, la fin de l’Histoire, l’horizon indépassable du capitalisme et le triomphe du système néolibéral, auquel il n’y aurait pas, selon la Dame de fer, d’alternatives.
« La convergence des luttes »
Économiste, formateur dans un centre d’éducation permanente (Cepag) lié au grand syndicat belge FGTB et militant altermondialiste – il est membre notamment du Comité pour l’abolition des dettes illégitimes –, Olivier Bonfond éparpille façon puzzle la résignation. Avec une minutie impressionnante et une documentation fouillée, il s’attache à passer en revue des propositions et des revendications émanant des mouvements sociaux et politiques du monde entier. « Cet ouvrage ne constitue pas un programme politique, ou un manuel de la révolution ou de la société idéale », prévient-il d’emblée pour lever toute ambiguïté. Il s’agit, selon lui, de démontrer que « de nombreuses alternatives crédibles à la mondialisation capitaliste existent » et de « participer au renforcement de la convergence des luttes en articulant différentes thématiques dans une analyse globale ».
Biens communs, droits sociaux universels
Au fil des centaines de pages, écrites avec un souci permanent de clarté et de simplicité afin de rendre très facile d’accès l’argumentaire, émaillées de citations entraînantes, d’exemples édifiants et d’encarts didactiques, l’auteur défend une approche résolument anticapitaliste prenant en compte les crises écologique et démocratique. L’économiste s’attarde évidemment sur les ruptures indispensables avec le « cercle infernal de la dette ». Il préconise de remettre résolument la finance à sa place, appelant par exemple à « socialiser les banques, les compagnies d’assurances et les fonds de pension », défendant dans ce cas la constitution d’un pôle public bancaire assurant des missions de service public.
Biens communs, droits sociaux universels, féminisme, coopérations en lieu et place de libre-échange, lutte contre la xénophobie et pour le droit aux migrations, démocratisation des institutions internationales, lutte contre la marchandisation du sport, éducation et culture pour toutes et tous, approfondissement de la démocratie sous toutes ses formes – représentative, participative, économique, etc. –, médias libres des puissances d’argent… Rien, ou presque, ne manque de ce qu’il serait nécessaire de mettre en œuvre pour changer le monde. Et la promesse du titre est tenue, haut à la main : à la fin, Tina est morte, et on ne la pleurera pas !
Par Thomas Lemahieu (publié le 30/04/2019)
A lire sur le site l'Humanité
On dit parfois du Belge qu’il est paisible. Que sa bonhomie s’arrangera de tout, au fond, et qu’il acceptera toujours son sort, dans un grand éclat de rire, empreint de fatalisme… Olivier Bonfond n’est pas de ce bois caricatural – et, outre-Quiévrain, il n’est pas le seul, évidemment ! C’est un assassin, et il le revendique. Le titre de son dernier livre le prouve, avec cet appel au meurtre… Mais qui est donc cette Tina ? Vous la connaissez peut-être : ce n’est pas l’héroïne d’un polar qui, au fil des pages, risque de passer un très mauvais quart d’heure, mais plutôt une ombre qui plane sur notre monde, cette injonction fameuse que Margaret Thatcher, elle-même morte et enterrée, a laissée à la postérité pour les plus grands malheurs de l’humanité. Acronyme de « There is no alternative », Tina signifie, avant l’heure, la fin de l’Histoire, l’horizon indépassable du capitalisme et le triomphe du système néolibéral, auquel il n’y aurait pas, selon la Dame de fer, d’alternatives.
« La convergence des luttes »
Économiste, formateur dans un centre d’éducation permanente (Cepag) lié au grand syndicat belge FGTB et militant altermondialiste – il est membre notamment du Comité pour l’abolition des dettes illégitimes –, Olivier Bonfond éparpille façon puzzle la résignation. Avec une minutie impressionnante et une documentation fouillée, il s’attache à passer en revue des propositions et des revendications émanant des mouvements sociaux et politiques du monde entier. « Cet ouvrage ne constitue pas un programme politique, ou un manuel de la révolution ou de la société idéale », prévient-il d’emblée pour lever toute ambiguïté. Il s’agit, selon lui, de démontrer que « de nombreuses alternatives crédibles à la mondialisation capitaliste existent » et de « participer au renforcement de la convergence des luttes en articulant différentes thématiques dans une analyse globale ».
Biens communs, droits sociaux universels
Au fil des centaines de pages, écrites avec un souci permanent de clarté et de simplicité afin de rendre très facile d’accès l’argumentaire, émaillées de citations entraînantes, d’exemples édifiants et d’encarts didactiques, l’auteur défend une approche résolument anticapitaliste prenant en compte les crises écologique et démocratique. L’économiste s’attarde évidemment sur les ruptures indispensables avec le « cercle infernal de la dette ». Il préconise de remettre résolument la finance à sa place, appelant par exemple à « socialiser les banques, les compagnies d’assurances et les fonds de pension », défendant dans ce cas la constitution d’un pôle public bancaire assurant des missions de service public.
Biens communs, droits sociaux universels, féminisme, coopérations en lieu et place de libre-échange, lutte contre la xénophobie et pour le droit aux migrations, démocratisation des institutions internationales, lutte contre la marchandisation du sport, éducation et culture pour toutes et tous, approfondissement de la démocratie sous toutes ses formes – représentative, participative, économique, etc. –, médias libres des puissances d’argent… Rien, ou presque, ne manque de ce qu’il serait nécessaire de mettre en œuvre pour changer le monde. Et la promesse du titre est tenue, haut à la main : à la fin, Tina est morte, et on ne la pleurera pas !
Par Thomas Lemahieu (publié le 30/04/2019)
A lire sur le site l'Humanité