28 Juil 2015
Des avancées notables confirmant l’évènement géopolitique majeur que constitue la montée en puissance de ce groupe ont été entérinées à Oufa (Russie) lors du sommet des BRICS (9-10 Juillet 2015) qui venait conclure un cycle de rencontres tenues depuis avril 2015.
Outre la ratification et la mise en œuvre d’institutions financières créées lors du précédent sommet de 2014, le sommet de 2015 a été marqué par la tenue conjointe du sommet de l’Organisation de coopération de Shangaï (OCS) (1), signe d’un rapprochement entre les deux organisations.
Les BRICS (Brésil Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) qui représentent 30 % du PIB Mondial et 3 milliards d’habitants, ont adopté 8 documents(2) d’ordre général, économique, culturel, mais également syndicaux. Dans la tourmente de la crise financière chinoise et des sanctions occidentales contre la Russie, les BRICS ont affiché une volonté forte de coopérer et de surmonter ces difficultés.
La mise en œuvre d’outils financiers importants venant concurrencer le FMI et la banque mondiale, et ainsi l’hégémonie « occidentale » sur les outils de régulation financiers mondiaux.
• La Nouvelle banque de développement : Dotée d’un capital de 50 milliards de dollars, installée à Shangaï et présidée par Kundapur Vaman, un vétéran du secteur banquier indien, elle devrait commencer à accorder des prêts dès l’an prochain pour des projets d’infrastructure. Les investissements devraient principalement porter sur le développement du domaine énergétique, les BRICS représentant à eux seuls 40% de la consommation d’énergie mondiale.
• Un fonds de réserves de change commun (contingent reserves arrangement) de 100 milliards de dollars ayant pour but de limiter le cadre de circulation du dollar dans les règlements réciproques de l’espace des BRICS et d’accorder des liquidités aux banques centrales des pays membres pour parer aux problèmes qui pourraient survenir dans les systèmes financiers nationaux. La Chine y contribuera à hauteur de 41 milliards de dollars, les Brésil, l’Inde et la Russie 18 milliards de dollars et l’Afrique du Sud 5 Milliards de dollars.
Un élargissement historique de l’OCS à l’Inde et au Pakistan, deux puissances nucléaires, et une intégration de l’Iran en perspective.
• L’OCS qui vise à renforcer la stabilité et la sécurité dans la région, a adopté une stratégie de développement jusqu’en 2025 (dont les grands axes ne sont pas encore publics). A l’origine conçue comme une organisation de coopération militaire, entre la Russie, la Chine et des pays d’Asie centrale elle s’est aujourd’hui élargie géographiquement mais également dans ses domaines de compétences, qui comportent aujourd’hui un volet économique et un volet culturel.
• Le sommet d’Oufa marque également un tournant majeur puisque l’OCS et les BRICS ont adopté un document annonçant le rapprochement des deux organisations, et la suppression des structures « doublons ». L’entrée de deux grandes puissances nucléaires régionales et rivales montre la capacité d’intégration de cette organisation régionale, qui étudiera la candidature de l’Iran lorsque que les sanctions internationales contre ce pays seront effectivement levées.
La déclaration d’Oufa montre également l’affirmation d’une volonté d’engagement fort envers l’organisation des Nations Unies (ONU), avec pour objectifs notamment le renforcement du dialogue multilatéral entre Etats souverains, la coexistence pacifique des Nations.
• Dans un contexte de fort révisionnisme au niveau européen, les Etats membres de l’OCS ont également approuvé une déclaration marquant le 70e anniversaire de la victoire de la guerre mondiale contre le fascisme, de la Seconde Guerre mondiale ainsi que celui de la création des Nations Unies.
• Cette volonté de représenter un nouvel ordre multilatéral est également illustrée par un projet de « création d’une station spatiale commune afin d’explorer l’espace et des programmes habités qui pourraient devenir les symboles du nouvel ordre multipolaire fondé sur les valeurs des BRICS »
Les syndicats des pays des BRICS ont quant à eux insisté sur la progression des politiques néolibérales et leurs conséquences catastrophiques sur la sécurité de l’emploi, l’accroissement des inégalités et la destruction de l’écosystème planétaire (3).
Le Parti de Gauche approuve les avancées du sommet d’Oufa. L’apparition progressive d’alternatives aux institutions financières existantes servant que les seuls intérêts des oligarchies occidentales doit être vue comme un premier point d’appui pour une remise en question de l’hégémonie monétaire étasunienne et du capitalisme financiarisée. Sans sortir à elle-seule des travers du capitalisme, danger absolu pour les peuples et notre écosystème, le renforcement de cette nouvelle alliance enfonce un coin dans les contradictions économiques et géopolitiques du capitalisme mondialisé Si cette évolution géopolitique n’est pas une conditions suffisante pour promouvoir des solutions écosocialistes aux problèmes mondiaux, elle n’en est pas moins une condition nécessaire. C’est pourquoi la France à la responsabilité de prendre toute sa place dans cette alternative, et à travers sa participation et son soutien contribuer à une voie écologiquement et socialement soutenable, respectueuse de la souveraineté des peuples et de leurs ressources.
(1) OCS : 8 Etats membres, 4 Etats observateurs, 6 partenaires de dialogue http://www.sectsco.org/EN123/
(2) Documents approuvés au sommet d’Oufa : http://en.brics2015.ru/documents/
(3) http://en.brics2015.ru/load/458489
Par Djordje Kuzmanovic, Frédéric MB, Théophile Malo – Commission internationale et défense
Lire sur le site de lepartidegauche.fr (23/07/2015)
Outre la ratification et la mise en œuvre d’institutions financières créées lors du précédent sommet de 2014, le sommet de 2015 a été marqué par la tenue conjointe du sommet de l’Organisation de coopération de Shangaï (OCS) (1), signe d’un rapprochement entre les deux organisations.
Les BRICS (Brésil Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) qui représentent 30 % du PIB Mondial et 3 milliards d’habitants, ont adopté 8 documents(2) d’ordre général, économique, culturel, mais également syndicaux. Dans la tourmente de la crise financière chinoise et des sanctions occidentales contre la Russie, les BRICS ont affiché une volonté forte de coopérer et de surmonter ces difficultés.
La mise en œuvre d’outils financiers importants venant concurrencer le FMI et la banque mondiale, et ainsi l’hégémonie « occidentale » sur les outils de régulation financiers mondiaux.
• La Nouvelle banque de développement : Dotée d’un capital de 50 milliards de dollars, installée à Shangaï et présidée par Kundapur Vaman, un vétéran du secteur banquier indien, elle devrait commencer à accorder des prêts dès l’an prochain pour des projets d’infrastructure. Les investissements devraient principalement porter sur le développement du domaine énergétique, les BRICS représentant à eux seuls 40% de la consommation d’énergie mondiale.
• Un fonds de réserves de change commun (contingent reserves arrangement) de 100 milliards de dollars ayant pour but de limiter le cadre de circulation du dollar dans les règlements réciproques de l’espace des BRICS et d’accorder des liquidités aux banques centrales des pays membres pour parer aux problèmes qui pourraient survenir dans les systèmes financiers nationaux. La Chine y contribuera à hauteur de 41 milliards de dollars, les Brésil, l’Inde et la Russie 18 milliards de dollars et l’Afrique du Sud 5 Milliards de dollars.
Un élargissement historique de l’OCS à l’Inde et au Pakistan, deux puissances nucléaires, et une intégration de l’Iran en perspective.
• L’OCS qui vise à renforcer la stabilité et la sécurité dans la région, a adopté une stratégie de développement jusqu’en 2025 (dont les grands axes ne sont pas encore publics). A l’origine conçue comme une organisation de coopération militaire, entre la Russie, la Chine et des pays d’Asie centrale elle s’est aujourd’hui élargie géographiquement mais également dans ses domaines de compétences, qui comportent aujourd’hui un volet économique et un volet culturel.
• Le sommet d’Oufa marque également un tournant majeur puisque l’OCS et les BRICS ont adopté un document annonçant le rapprochement des deux organisations, et la suppression des structures « doublons ». L’entrée de deux grandes puissances nucléaires régionales et rivales montre la capacité d’intégration de cette organisation régionale, qui étudiera la candidature de l’Iran lorsque que les sanctions internationales contre ce pays seront effectivement levées.
La déclaration d’Oufa montre également l’affirmation d’une volonté d’engagement fort envers l’organisation des Nations Unies (ONU), avec pour objectifs notamment le renforcement du dialogue multilatéral entre Etats souverains, la coexistence pacifique des Nations.
• Dans un contexte de fort révisionnisme au niveau européen, les Etats membres de l’OCS ont également approuvé une déclaration marquant le 70e anniversaire de la victoire de la guerre mondiale contre le fascisme, de la Seconde Guerre mondiale ainsi que celui de la création des Nations Unies.
• Cette volonté de représenter un nouvel ordre multilatéral est également illustrée par un projet de « création d’une station spatiale commune afin d’explorer l’espace et des programmes habités qui pourraient devenir les symboles du nouvel ordre multipolaire fondé sur les valeurs des BRICS »
Les syndicats des pays des BRICS ont quant à eux insisté sur la progression des politiques néolibérales et leurs conséquences catastrophiques sur la sécurité de l’emploi, l’accroissement des inégalités et la destruction de l’écosystème planétaire (3).
Le Parti de Gauche approuve les avancées du sommet d’Oufa. L’apparition progressive d’alternatives aux institutions financières existantes servant que les seuls intérêts des oligarchies occidentales doit être vue comme un premier point d’appui pour une remise en question de l’hégémonie monétaire étasunienne et du capitalisme financiarisée. Sans sortir à elle-seule des travers du capitalisme, danger absolu pour les peuples et notre écosystème, le renforcement de cette nouvelle alliance enfonce un coin dans les contradictions économiques et géopolitiques du capitalisme mondialisé Si cette évolution géopolitique n’est pas une conditions suffisante pour promouvoir des solutions écosocialistes aux problèmes mondiaux, elle n’en est pas moins une condition nécessaire. C’est pourquoi la France à la responsabilité de prendre toute sa place dans cette alternative, et à travers sa participation et son soutien contribuer à une voie écologiquement et socialement soutenable, respectueuse de la souveraineté des peuples et de leurs ressources.
(1) OCS : 8 Etats membres, 4 Etats observateurs, 6 partenaires de dialogue http://www.sectsco.org/EN123/
(2) Documents approuvés au sommet d’Oufa : http://en.brics2015.ru/documents/
(3) http://en.brics2015.ru/load/458489
Par Djordje Kuzmanovic, Frédéric MB, Théophile Malo – Commission internationale et défense
Lire sur le site de lepartidegauche.fr (23/07/2015)