16 Avr 2020
Une opinion signée par plus de 250 scientifiques (voir la liste des signataires au bas de cet article).
New York est devenue le nouvel épicentre de la pandémie mondiale du Covid-19. Une ville morte, perturbée seulement par le bruit du va-et-vient des ambulances. Mais c’est à New York aussi que, il y a moins de cinq ans, les chefs d’État et de gouvernement, réunis au siège de l’Organisation des Nations Unies, s’engageaient sur une nouvelle feuille de route pour l’humanité, en adoptant 17 Objectifs de développement durable à atteindre à l’horizon 2030.
New York devient ainsi la ville symbole de cet écart entre la réponse immédiate à l’urgence, l’ici et le maintenant, et la capacité de projection et d’engagement, à l’échelle de la planète, pour un avenir durable à long terme. Nous pensons que cet écart est dangereux. Nous invitons chacune et chacun à chercher comment les mesures prises dans l’immédiat en réponse à la crise peuvent contribuer à préparer cet avenir vivable pour toutes et tous — à "Transformer notre monde", comme nous y invite l’Agenda de développement durable à l’horizon 2030.
Les objectifs de développement durable, au nombre de 17, forment ensemble la boussole que les États de ce monde se sont donnée en 2015 pour tendre vers des modes de vie durables. Ils couvrent de manière indissociable les domaines de la pauvreté, de la faim, de la santé, de l’éducation, de l’égalité entre les sexes, de l’eau, de l’énergie, du travail et d‘une croissance économique soutenable, de l’industrie et de l’innovation, des inégalités, des villes et communautés durables, de la consommation et de production responsables, de la lutte contre les changements climatiques, de la vie aquatique et terrestre, de la paix et la justice et enfin, des partenariats et de la collaboration.
Nos États se sont engagés à les atteindre dans leur intégralité à l’horizon 2030. Ils rendent régulièrement compte, auprès des Nations unies et de leur population, des progrès accomplis pour rendre notre monde plus durable.
L'urgence actuelle
Facétie de l’histoire, le Gouvernement wallon a adopté le bilan des progrès de la Wallonie vers les 17 objectifs de développement durable des Nations unies, le jour même de la décision, par le Conseil National de Sécurité, de prendre des mesures exceptionnelles de confinement pour tenter d’enrayer la propagation du coronavirus.
L’urgence et le temps long sont ici aussi entrés en collision… et c’est l’omniprésence assourdissante de l’urgence qui prédomine… le temps long étant trop vague, trop flou, trop incertain, trop impalpable… Et pourtant, l’urgence actuelle remet au cœur des préoccupations les besoins essentiels comme l’accès à l’eau, à l’alimentation, à un habitat digne et sain, à la nature et à des espaces verts ; elle concrétise les liens complexes entre biodiversité, climat, environnement, santé et économie, entre précarité et emplois (de qualité) nécessaires à notre survie au quotidien.
Autant d’enjeux et de défis illustrés par les 80 indicateurs présents dans le nouveau rapport pour la transition de la Wallonie vers un développement durable, sans doute la seule "normalité" à laquelle nous pourrions aspirer collectivement, si nous tirons tous les enseignements que cette pandémie peut nous apprendre de nos modes de vie.
Repenser notre modèle de développement
Pris dans leur ensemble, les objectifs de développement durable nous montrent qu’il ne suffit plus d’aller en quête de croissance économique et de compenser par des politiques sociales et environnementales les dégâts que causent les modes de consommation et de production non durables : c’est notre modèle même de développement qu’il faut repenser afin qu’il devienne plus soutenable.
A l’heure de l’urgence, non seulement sanitaire mais également économique, sociale, politique et environnementale, il est donc fondamental de saisir cette boussole universelle, qui oriente nos progrès à long terme et dont les racines nous forcent à penser, autrement, notre relation à l’humanité et à l’environnement.
Ce sont les raisons pour lesquelles, les signataires de cette carte blanche appellent dès maintenant les citoyens et les autorités politiques qui les représentent mais également toutes les forces vives de Wallonie et des autres entités fédérées, alors même que l’urgence est là, à préserver et à cultiver une vision holistique et systémique à long terme de nos collectifs en faisant entrer concrètement la soutenabilité dans nos pratiques. A coup sûr, il y aura un après ! Celui-ci ne pourra qu’être durable au risque de n’être qu’un éternel épuisement en faisant de nous des Sisyphes résignés. Il est donc urgent de penser et d’agir de façon durable au risque de panser durablement.
Publié le 08/04/2020
A lire sur le site La Libre
New York est devenue le nouvel épicentre de la pandémie mondiale du Covid-19. Une ville morte, perturbée seulement par le bruit du va-et-vient des ambulances. Mais c’est à New York aussi que, il y a moins de cinq ans, les chefs d’État et de gouvernement, réunis au siège de l’Organisation des Nations Unies, s’engageaient sur une nouvelle feuille de route pour l’humanité, en adoptant 17 Objectifs de développement durable à atteindre à l’horizon 2030.
New York devient ainsi la ville symbole de cet écart entre la réponse immédiate à l’urgence, l’ici et le maintenant, et la capacité de projection et d’engagement, à l’échelle de la planète, pour un avenir durable à long terme. Nous pensons que cet écart est dangereux. Nous invitons chacune et chacun à chercher comment les mesures prises dans l’immédiat en réponse à la crise peuvent contribuer à préparer cet avenir vivable pour toutes et tous — à "Transformer notre monde", comme nous y invite l’Agenda de développement durable à l’horizon 2030.
Les objectifs de développement durable, au nombre de 17, forment ensemble la boussole que les États de ce monde se sont donnée en 2015 pour tendre vers des modes de vie durables. Ils couvrent de manière indissociable les domaines de la pauvreté, de la faim, de la santé, de l’éducation, de l’égalité entre les sexes, de l’eau, de l’énergie, du travail et d‘une croissance économique soutenable, de l’industrie et de l’innovation, des inégalités, des villes et communautés durables, de la consommation et de production responsables, de la lutte contre les changements climatiques, de la vie aquatique et terrestre, de la paix et la justice et enfin, des partenariats et de la collaboration.
Nos États se sont engagés à les atteindre dans leur intégralité à l’horizon 2030. Ils rendent régulièrement compte, auprès des Nations unies et de leur population, des progrès accomplis pour rendre notre monde plus durable.
L'urgence actuelle
Facétie de l’histoire, le Gouvernement wallon a adopté le bilan des progrès de la Wallonie vers les 17 objectifs de développement durable des Nations unies, le jour même de la décision, par le Conseil National de Sécurité, de prendre des mesures exceptionnelles de confinement pour tenter d’enrayer la propagation du coronavirus.
L’urgence et le temps long sont ici aussi entrés en collision… et c’est l’omniprésence assourdissante de l’urgence qui prédomine… le temps long étant trop vague, trop flou, trop incertain, trop impalpable… Et pourtant, l’urgence actuelle remet au cœur des préoccupations les besoins essentiels comme l’accès à l’eau, à l’alimentation, à un habitat digne et sain, à la nature et à des espaces verts ; elle concrétise les liens complexes entre biodiversité, climat, environnement, santé et économie, entre précarité et emplois (de qualité) nécessaires à notre survie au quotidien.
Autant d’enjeux et de défis illustrés par les 80 indicateurs présents dans le nouveau rapport pour la transition de la Wallonie vers un développement durable, sans doute la seule "normalité" à laquelle nous pourrions aspirer collectivement, si nous tirons tous les enseignements que cette pandémie peut nous apprendre de nos modes de vie.
Repenser notre modèle de développement
Pris dans leur ensemble, les objectifs de développement durable nous montrent qu’il ne suffit plus d’aller en quête de croissance économique et de compenser par des politiques sociales et environnementales les dégâts que causent les modes de consommation et de production non durables : c’est notre modèle même de développement qu’il faut repenser afin qu’il devienne plus soutenable.
A l’heure de l’urgence, non seulement sanitaire mais également économique, sociale, politique et environnementale, il est donc fondamental de saisir cette boussole universelle, qui oriente nos progrès à long terme et dont les racines nous forcent à penser, autrement, notre relation à l’humanité et à l’environnement.
Ce sont les raisons pour lesquelles, les signataires de cette carte blanche appellent dès maintenant les citoyens et les autorités politiques qui les représentent mais également toutes les forces vives de Wallonie et des autres entités fédérées, alors même que l’urgence est là, à préserver et à cultiver une vision holistique et systémique à long terme de nos collectifs en faisant entrer concrètement la soutenabilité dans nos pratiques. A coup sûr, il y aura un après ! Celui-ci ne pourra qu’être durable au risque de n’être qu’un éternel épuisement en faisant de nous des Sisyphes résignés. Il est donc urgent de penser et d’agir de façon durable au risque de panser durablement.
Publié le 08/04/2020
A lire sur le site La Libre