15 Jan 2020
Depuis plusieurs décennies, l’Union européenne importe 40 de millions de tonnes de soja chaque année pour nourrir le bétail dont elle tente ensuite d’exporter une partie de la viande et des produits laitiers dans plusieurs pays tiers. Elle contribue ainsi à la déforestation accélérée de l’Amazonie et augmente en même temps le bilan carbone de la viande et du lait qu’elle produit sur son sol. Or, le soja donne désormais de bons rendements dans plusieurs pays d’Europe dont la France. Notre pays gagnerait donc à produire moins de blé et de maïs pour l’exportation et à cultiver davantage de soja pour nourrir son bétail. Encore faudrait-il que les aides européennes soient orientées pour soutenir cette indispensable transition.
En ce mois de décembre 2019, le prix de la tonne de blé rendue au port de Rouen était de 177€ voilà deux semaines contre 195€ environ un an plus tôt. Il est monté à 180€ la semaine dernière . Ce prix pourrait encore monter dans les prochaines semaines car une vague de froid vient de provoquer des dégâts sur les cultures de blé en Russie et en Ukraine. La tonne de maïs ne cote que 164€ contre 172€ un an plus tôt. L’orge fourragère rendue au port de Rouen cote seulement 161€ la tonne en décembre 2019 contre 200€ en décembre 2018. Pour ces trois céréales, les coûts de production à l’hectare sont en hausse tandis que les rendements à l’hectare furent en baisse dans certaines régions pour le blé et l’orge. Ils furent en baisse pour le maïs partout où il n’a pu être irrigué. Le prix mondial de ces trois céréales continuant d’évoluer en fonction de ce qui se décide dans les salles de marché, la loi EGALIM, par laquelle Emmanuel Macron promettait aux paysans des prix qui partiraient des coûts de production, ne fonctionne pas. Elle ne fonctionne guère davantage pour d’autres productions, à commencer par le lait de vache et la viande bovine.
La France a produit cette année quelques 37 millions de tonnes de blé tendre, dont la moitié est disponible pour l’exportation. Bon an mal an, la moitié du blé français est exporté. La moitié de cette moitié est vendue dans les pays membres de l’Union européenne et l’autre moitié dans les pays tiers. Hors de l’Union européenne, il s’agit surtout des pays qui bordent l’autre rive de la Méditerranée. Mais ces pays, à commencer par l’Egypte, préfèrent désormais acheter du blé russe ou ukrainien car le taux de protéines de ces blés issus des terres noires est plus élevé en moyenne que celui du blé français. A force de produire du blé en rotations courtes (tous les deux à trois ans sur la même parcelle) les terres céréalières françaises se sont appauvries en matière organique. Les paysans des plaines céréalières ont depuis longtemps renoncé à l’élevage; lequel donnait du fumier pour améliorer la teneur des sols en matière organique.
La France doit produire moins de blé et davantage de soja
Pour dire les choses clairement, la monoculture céréalière en rotations courts ( blé , orge , maïs) voire avec une culture oléagineuse (colza, blé, orge) sera de moins en moins pertinente dans les prochaines années tandis que le réchauffement climatique fera baisser les rendements plus souvent que par le passé . Mais, un dossier publié par La France Agricole du 13 décembre montre que les terres de plusieurs régions de France conviennent de mieux en mieux à la culture du soja. Le soja est une plante protéagineuse et l’Europe en importe 40 millions de tonnes par an sous forme de graines ou de tourteaux. Plus de 10% de ces tourteaux sont importés par la France. Les tourteaux sont issus des graines pressées pour produire de l’huile ou du diester. Ce dernier est un carburant réputé « vert »pour les moteurs diesel, ce qui est discutable. Ces tourteaux entrent dans les aliments du bétail, mélangés à des céréales concassées. Ces dernières peuvent être du maïs, de l’orge et du blé fourrager.
La bonne rentabilité du soja en Seine-et-Marne
Naguère cultivé dans le sud et le sud-ouest de la France, le soja donne désormais de bons rendements dans des régions comme le Centre, les Pays de la Loire, la Bourgogne Franche-Comté, le Grand Est et même certaines zones des Hauts de France, sans oublier l’Ile-de-France. Ainsi 800 hectares de soja ont été cultivés cette année en Seine et Marne. Céréalier près de Nangis, Vincent Bongard, témoigne dans La France Agricole. Il explique que cette culture du soja lui permet de dégager une marge brute intéressante à l’hectare sans avoir eu à investir dans du matériel. Dans le même journal, Xavier Masson, technico-commercial à la coopérative Vivescia, indique que la graine de soja de Seine-et-Marne est valorisée dans l’alimentation humaine et animale avec toutefois une moindre rentabilité dans l’alimentation animale. Ajoutons que, comme les autres légumineuses, le soja fertilise les sols naturellement en captant l’azote contenu dans l‘air sur ses racines .
Que donnera la réforme de la PAC en 2020 ?
Si la nouvelle réforme de la Politique agricole commune (PAC)- qui doit être discutée à partir de 2020 entre le commissaire en charge de l’agriculture et les ministres concernés- débouchait sur un nouveau ciblage des aides de la PAC visant à réduire la dépendance de l’Europe vis-à-vis des protéines végétales importées d’Amérique du sud, des pays comme la France, l’Espagne, l’Italie, la Roumanie, la Bulgarie et quelques autres pourraient accroître leur production de soja et réduire la dépendance de l’Europe aux importations qui contribuent à la déforestation de l’Amazonie.
Mais, l’Europe des technocrates infestée par les lobbyistes des firmes privées étant ce qu’elle est, il demeure possible que le sujet ne soit même pas abordé. Sauf si les paysans faisaient le choix de porter le dossier auprès de leurs ministres respectifs dans les pays membres de l’Union européenne.
Par Gérard Le Puill (publié le 26/12/2019)
A lire sur le site Anti-K
En ce mois de décembre 2019, le prix de la tonne de blé rendue au port de Rouen était de 177€ voilà deux semaines contre 195€ environ un an plus tôt. Il est monté à 180€ la semaine dernière . Ce prix pourrait encore monter dans les prochaines semaines car une vague de froid vient de provoquer des dégâts sur les cultures de blé en Russie et en Ukraine. La tonne de maïs ne cote que 164€ contre 172€ un an plus tôt. L’orge fourragère rendue au port de Rouen cote seulement 161€ la tonne en décembre 2019 contre 200€ en décembre 2018. Pour ces trois céréales, les coûts de production à l’hectare sont en hausse tandis que les rendements à l’hectare furent en baisse dans certaines régions pour le blé et l’orge. Ils furent en baisse pour le maïs partout où il n’a pu être irrigué. Le prix mondial de ces trois céréales continuant d’évoluer en fonction de ce qui se décide dans les salles de marché, la loi EGALIM, par laquelle Emmanuel Macron promettait aux paysans des prix qui partiraient des coûts de production, ne fonctionne pas. Elle ne fonctionne guère davantage pour d’autres productions, à commencer par le lait de vache et la viande bovine.
La France a produit cette année quelques 37 millions de tonnes de blé tendre, dont la moitié est disponible pour l’exportation. Bon an mal an, la moitié du blé français est exporté. La moitié de cette moitié est vendue dans les pays membres de l’Union européenne et l’autre moitié dans les pays tiers. Hors de l’Union européenne, il s’agit surtout des pays qui bordent l’autre rive de la Méditerranée. Mais ces pays, à commencer par l’Egypte, préfèrent désormais acheter du blé russe ou ukrainien car le taux de protéines de ces blés issus des terres noires est plus élevé en moyenne que celui du blé français. A force de produire du blé en rotations courtes (tous les deux à trois ans sur la même parcelle) les terres céréalières françaises se sont appauvries en matière organique. Les paysans des plaines céréalières ont depuis longtemps renoncé à l’élevage; lequel donnait du fumier pour améliorer la teneur des sols en matière organique.
La France doit produire moins de blé et davantage de soja
Pour dire les choses clairement, la monoculture céréalière en rotations courts ( blé , orge , maïs) voire avec une culture oléagineuse (colza, blé, orge) sera de moins en moins pertinente dans les prochaines années tandis que le réchauffement climatique fera baisser les rendements plus souvent que par le passé . Mais, un dossier publié par La France Agricole du 13 décembre montre que les terres de plusieurs régions de France conviennent de mieux en mieux à la culture du soja. Le soja est une plante protéagineuse et l’Europe en importe 40 millions de tonnes par an sous forme de graines ou de tourteaux. Plus de 10% de ces tourteaux sont importés par la France. Les tourteaux sont issus des graines pressées pour produire de l’huile ou du diester. Ce dernier est un carburant réputé « vert »pour les moteurs diesel, ce qui est discutable. Ces tourteaux entrent dans les aliments du bétail, mélangés à des céréales concassées. Ces dernières peuvent être du maïs, de l’orge et du blé fourrager.
La bonne rentabilité du soja en Seine-et-Marne
Naguère cultivé dans le sud et le sud-ouest de la France, le soja donne désormais de bons rendements dans des régions comme le Centre, les Pays de la Loire, la Bourgogne Franche-Comté, le Grand Est et même certaines zones des Hauts de France, sans oublier l’Ile-de-France. Ainsi 800 hectares de soja ont été cultivés cette année en Seine et Marne. Céréalier près de Nangis, Vincent Bongard, témoigne dans La France Agricole. Il explique que cette culture du soja lui permet de dégager une marge brute intéressante à l’hectare sans avoir eu à investir dans du matériel. Dans le même journal, Xavier Masson, technico-commercial à la coopérative Vivescia, indique que la graine de soja de Seine-et-Marne est valorisée dans l’alimentation humaine et animale avec toutefois une moindre rentabilité dans l’alimentation animale. Ajoutons que, comme les autres légumineuses, le soja fertilise les sols naturellement en captant l’azote contenu dans l‘air sur ses racines .
Que donnera la réforme de la PAC en 2020 ?
Si la nouvelle réforme de la Politique agricole commune (PAC)- qui doit être discutée à partir de 2020 entre le commissaire en charge de l’agriculture et les ministres concernés- débouchait sur un nouveau ciblage des aides de la PAC visant à réduire la dépendance de l’Europe vis-à-vis des protéines végétales importées d’Amérique du sud, des pays comme la France, l’Espagne, l’Italie, la Roumanie, la Bulgarie et quelques autres pourraient accroître leur production de soja et réduire la dépendance de l’Europe aux importations qui contribuent à la déforestation de l’Amazonie.
Mais, l’Europe des technocrates infestée par les lobbyistes des firmes privées étant ce qu’elle est, il demeure possible que le sujet ne soit même pas abordé. Sauf si les paysans faisaient le choix de porter le dossier auprès de leurs ministres respectifs dans les pays membres de l’Union européenne.
Par Gérard Le Puill (publié le 26/12/2019)
A lire sur le site Anti-K